lundi 11 août 2008

Histoires d'eau

Manger des pates cuites (crues, ca me tente pas), savonnage des habits histoire qu'ils retrouvent leur couleur initiale (ou presque, mais ne pas trop frotter, sinon ca fait des taches de propre), seances de lutte contre les carries, un petit decrassage des mains de temps en temps, boire, lavage de la popotte, decrassage total ou partiel regulier quand meme. Choisissez l'ordre, chacun ses priorites. Ca parait si evident, et pourtant... Depuis Oulan-Bator, jusqu'a Almaty (3 mois), nous n'avons eu acces a l'eau courante que 3 fois. A Tsetserleg, au fairfield, guesthouse geree par des anglais (douche et eau chaude grace a un generateur electrique individuel par douche), chez Nicolai dans l'altai (il s'est bricole un robinet dans sa cuisine), et a Rubstovsk, derniere ville avant le Kazakhstan (lavabo dans la chambre, mais uniquement de l'eau froide).
1H apres l'orage, Tstserleg, Mongolie

24H apres l'orage, Tsetserleg, Mongolie

En Mongolie, l'eau est plutot rare. Certaines yourtes se trouvent pres des rivieres, d'autres sont a 1 voire plusieurs km du point d'eau. Le reapprovisionnement se fait alors a pied, a cheval, en moto ou en voiture. Autant dire que l'eau n'est pas gaspillee. Nous avons fait comme tout le monde (a la difference pres que nous utilisons un filtre), et rempli nos outres dans des rivieres, des trous d'eau (grosses flaques, petit trou d'eau dans le lit d'une riviere assechee...), ou a des sources. Tous ces points d'eau sont partages avec les troupeaux (qui ne se privent pas de patauger). Les mongols font reposer l'eau quand elle n'est pas tres claire, puis la font bouillir. On a donc pris soin d'eviter de la souiller (bassine afin de ne pas verser de savon, ni de saletes directement dans l'eau). L'eau est le plus souvent potable, bien qu'un membre de peace corp nous ait informes qu'il existait une pollution au mercure de certains cours d'eau(exploitation de mines).

A Tsetserleg, Mongolie, coupure d'eau depuis plusieurs semaines (pour cause de travaux apparemment). Notre guesthouse fait venir un camion citerne tous les 2 jours pour remplir le reservoir. Les habitants, eux, font la queue dans la rue avec des seaux lorsque le camion charge de les reapprovisionner arrive.

Dans les villages Mongols, pas d'eau courante, mais un puit communal. Une personne est chargee de remplir les seaux, bidons, barils et autres, et de faire payer l'eau (attention aux horaires et jour de fermeture).

Dzamaar, fermeture du puit le mardi
Pour les toilettes, evidemment pas de chasse d'eau. Dans les villages, c'est 2 planches et un trou dans une cabane, pour le quartier ou la maison. Dans la campagne, un coin est designe, souvent en contrebas de maniere a ne pas etre vu depuis la yourte. Cet endroit sert egalement a entreposer les dechets (composes chez certaines familles uniquement d'os).

Toilettes communales, Dzamaar, Mongolie

En Russie, nous avons continue a nous approvisionner dans les rivieres, aupres desquelles nous campions presque chaque soir. Puis, nous avons commence a reperer des puits, disposes regulierement le long des rues (c'est plus facile a filtrer). Nous avons egalement demande de l'eau a des habitants (dans certaines villages, pas de puit dans la rue, mais un puit dans chaque jardin). On a eu droit au pompage manuel, mais aussi au pompage electrique (on appuie et ca coule, facile).

Depuis l'altai, on trouve un systeme d'evier avec un bac au dessus, qui fait office de reservoir, et un seau dessous pour l'ecoulement. Tres pratique pour se laver les mains au restaurant, et les dents dans les maisons. Pour la douche, c'est la cabane au fond du jardin. Une entree, puis une petite piece calfeutree au plafond bas, avec un banc pour s'asseoir. On peut faire chauffer de l'eau grace au poel, puis on melange de l'eau froide du puit avec cette eau bouillante dans une bassine prevue pour cet usage. La piece etant isolee, elle se transforme en sauna. Decrassage garanti!.

Toilettes a gauche, salle de bain a droite

L'approvisionnement en eau a donc ete facile dans l'altai jusqu'au jour ou, nous etant arretes dans un village comme a notre habitude(une 100aine de km avant la frontiere russe, region plate avec des champs a perte de vue) , nous n'avons pas pu remplir notre outre. Les pompes ne fonctionnent pas, un habitant nous dit qu'il n'y a pas d'eau dans le village. Bizarre???!!! Village suivant, on retente (pas le choix, on n'a pas assez d'eau pour faire cuire les pates). On repart avec un melange d'eau et de sable. Pas fameux.

Nous arrivons dans le 1er village apres la frontiere, au Nord du kazaksthan, toujours pas de puit en vue. Serguei, qui nous accueille, nous apprend que les puits sont a sec, et que cet ete, il n'a plut qu'une fois. (Il est originaire de ce village et nous explique qu'il y a une trentaine d'annee, le puit etait plein) . Le village est maintenant approvisionne en eau (payante) par train. Il y a de l'eau pas tres loin du village (d'apres ce qu'on a compris, une riviere), mais comme la region est encerclee par des mines (or, et autres minerais) les cours d'eau sont pollues et l'eau ne peut pas etre utilisee. Du coup, pour lui-meme comme pour la majorite des habitants ruraux rencontres, plus d'eau signifie: (dixit serguei)

-Pas d'eau, donc peu d'herbe, donc peu de lait (creme, beurre, fromage) -Pas d'eau donc pas de legumes, pas de fruits, et surtout pas de pommes de terre (alors qu'une grande partie de la nourriture est cultivee dans le jardin) -Quand il n'y aura plus du tout d'eau, et bien il faudra prendre le train et partir.

24H plus tard, nous arrivons a Almaty, eau courante, chasse d'eau, douche illimitee, fontaines dans les parcs. Une ville verte au milieu du desert. Enfin, dans le centre... A 10 km de la, dans la banlieue, on retrouve le puit et les toilettes seches au fond du jardin.

Amalty

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Anne par ces quelques réflexions de nous rappeler que l'eau est un trésor précieux que nous gaspillons facilement. Notre maison de vacances dans mon enfance possédait bien un robinet d'eau mais au fond du jardin et voilà plein de souvenirs qui reviennent!!
Ben's marraine

Unknown a dit…

Ouaip, on est trop chanceux les occidentaux, si on pouvait partager toute cette opulence avec ces peuples qui ont vu des évolutions climatiques sur 30 ans seulement... une belle leçon pour nous....

de grosses bises à tous les 2,
et courage à vos p'tites cuisses et mollets...entre autre... ;-)


Fréde

Anonyme a dit…

De notre côté, moins extrême, mais en Thaïlande, l'eau courante n'est pas potable. Donc on enquille les bouteilles d'eau minérale pour boire et se brosser les dents.

En rentrant, ça fait bizarre d'allumer le lave-linge et de tirer la chasse avec de l'eau potable. Ça l'est encore plus après avoir u ce billet..

Anonyme a dit…

Le Monde en parle aujourd'hui : à Montpellier, on prépare le congrès mondial de l'eau, qui aura lieu au printemps prochain à Istanbul.

Très bon article : http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/09/03/la-gestion-de-l-eau-un-defi-pour-demain-a-traiter-aujourd-hui_1090938_0.html