Isfahan, c'est comme Capri, c'est fini! Alors une derniere fois, on va a notre restau prefere ou apres 10 tentatives infructueuses, il reste du tachtin: c'est un parfait etouffe-musulman (une sorte de gateau de riz au poulet), ideal pour sortir de la ville en evitant, une fois n'est pas coutume, les autoroutes. Pour nous faire regretter notre depart, une petite fille en patins a roulettes, s'approche de notre table, le sourire timide aux levres et nous tend un bout de papier : "Hello, Welcome to my country" que son pere avait ecrit, certainement a se demande, Mais nous partons quand meme pour qq km et qq rencontres malgre tout trop courtes:
Jour 1: Echange oeillet contre kaki sur le bord de la route, au plus grand bonheur de Anne (c'est la pleine saison des kakis ici, les plaqueminiers croulent sous les fruits). Nos premiers moutons depuis des semaines: enfin nous sommes sorti de la ville, mais on a perdu les bons reflexes: on laisse le sachet de verveine dans l'eau de cuisson du riz....
On quitte Esfahan, alors qu'on fait le deuil d'un homme (ici, le deuil se fait version grand format)
Jour 2: Nos potes les gars du chantier de l'autoroute Esfahan - Kashan nous coocoonent: repas servi a domicile, feu et franche rigolade. Khodakaram, le petit homme jovial qui mene la troupe reviendra 3 fois nous voir avec des acolytes differents. Apres 3h de pause (on n'a pas vu le temps passer), nous repartons les sacoches pleines de bois pour le feu et du repas du soir (khoresh au riz). En arrivant dans ce village paume en fin de journee, cela fera du bien! La route goudronnee se termine la, et notre tente ne passera pas les habitants du coin: plantage obligatoire dans la cour d'un vieil homme qui a l'evidence ne se rend pas compte qu'on ne parle pas persan. Pour la seule fois de cette traversee persane, nous rentrons dans la maison de sa fille ou le repas nous attends (mais nous avons une excuse beton, pour ne pas abuser de l'hospitalite dans cet endroit visiblement pauvre: notre ration de riz du chantier qu'on a deja englouti!). Le the et la temperature excessive nous rechauffent pour la nuit a venir.
Jour 3: A defaut de savoir si notre petite route passe (impossible d'avoir d'autre information quer "faites demi-tour), on prend la solution alternative qui nous evite les 20 km de demi-tour: l'autoroute en construction, d'une agreable quietude. On retrouve des gars du chantier toujours aussi sympas (photos, bonbons... nous sommes l'objet de toutes les attentions) et une route plate et tranquille. Mais ca ne dure pas, et on retombe sur une autre autoroute, en fonctionnement celle-ci, et au premier point d'eau, c'est le bivouac!
Jour 4: Sis pres de ruines d'un village (?), notre bivouac s'eternise le matin: on fait la visite de ces maisons et enclos qui respirent tant l'Orient... On fuit l'autoroute comme la peste pour retrouver un peu plus de calme avant d'entrer a Natanz. Le bivouac sera qq km plus loin, sur le parking d'un mausolee qui nous gratifiera du reveil a 5h00, a l'heure de la priere.
Allah veille sur nous (et sur notre reveil...)
Jour 5: Ou l'on retrouve des ouvrier d'un chantier (une sorte de cimenterie) qui nous offrent le the alors qu'on est venuy chercher de l'eau. Definitvement, les chantiers sont le meilleur endroit en Iran pour demander un peu d'eau: on ne risque pas de priver les habitants d'une eau parfois trop rare, les chantiers se la font livrer. Un peu de plus et on restait dormir! Au lieu de ca, on campe qq km plus loin et passons notre soireeseuls mais au chaud au bord du feu (toujours notre bois du jour 2, en fait des piquets de signalisation). Petite soiree en amoureux au coin du feu!
Jour 6: Enfin on trouve la petite route qu'on essayait de suivre depuis plusieurs km. Sur ses bords, une succession de champs de pistachiers (?), enfin d'arbres a pistaches, et devant l'un d'eux, un animateur radio qui nous hele: il remplit nos poches de pistaches seches (c'est son champ!). Et dire qu'il lui a fallu nous rattraper en voiture: on ne s'est pas arrete au premier coup, sur de devoir repondre une enieme fois a la question de notre nationalite sans que la conversation n'aille plus loin ("bonjour. Vous venez d'ou? Au revoir"... auquel il faut parfois enlever le bonjour et au revoir!). A notre arrivee a Kashan, ce n'est pas notre pizza insipide qui nous laissera un fort souvenir, mais plutot ces fantomes qu'on croise dans la rue: toutes les femmes portent le tchador (la tente, puisque c'est le meme mot en persan, est bien le drap qui couvre - et entrave - le corps entier, a la difference du hidjab qui lui est le voile qui couvre la tete et le cou) noir, et souvent s'en couvre meme la bouche: malgre le bazar, la circulation, la foule, cette ville est triste.
Jour 7-10: Triste, mais heureusement on a trouve la maison Ehsan. Une maison traditionnelle persane tranformee en hotel et centre culturel. Surtout en novembre ou il n'y a personne, c'est l'endroit ideal pour se reposer au calme, en poussant meme le luxe d'aller prendre notre nourriture au restau et la manger ici!
Une maison traditionnelle dont Kashan aime a vanter l'architecture
Jour 11: Depart en solitaire pour Qom pour Seb alors que Anne larve une journee de plus . The au bord de plan d'eau contre velo sous les nuages, a vous de choisir votre camp! Le 112e bivouac du voyage est pluvieux et bruyant: le long d;une voie ferree qui donne a croire qu'on se fait rouler dessus pendant la nuit.
Jour 12: Un dernier pissou avant le bus et une heure apres, Anne enfourche son velopour retrouver une serpillere pisseuse, rasee et rincee par 3h de velo sous la pluie. On se blottit dans un restaurant pour se secher et repartir dans la campagne. Les informations qu'on glane ne sont pas encourageantes: soit c'est l'autoroute, soit un chemin pas trop carossable et pas signalise. Et avec cette pluie... Tant pis, on va quand meme dans cette direction...
Jour 13: vous vous attendez a quoi ce 13e jour?? Pluie, froid, demi tour et 6 km au compteur alors qu'on s'est leve a 9h00 (mais parti a 16h00, un record de rangement).
Jour 14: Neige sur les hauteurs et pluie en plaine, voila qui nous encourage a faire demi tour toute pour revenir a Qom. Un petit tour aux abords du mausolee de Fatima (la fille de Mahomet): toutes les femmes sont en tchador noir et nombre de mollahs arpentent la place. On prend finalement le bus (l'autoroute en velo, non merci).. Les montagnes enneigees de l'Alborz nous attendent. Deux semaines, c'est amplement suffisant pour meriter notre the errant...
Jeu de miroir a Kashan. C'est bien nous!
PS: Et le titre?... Que des mots francais, utilises tels quels en persan...
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